Ce soir-là, cela faisait bien plusieurs semaines que je préparais mon coup. Avec une équipe toute aussi russe que moi, composée uniquement de ma personne, de deux autres hommes et d’une femme m’accompagnant en permanence, nous avions traqué ces italiens par monts et par vaux. Si les gouvernements européens restaient, en général, en dehors de tout ce qui se trame à Géolia, ce n’était pas toujours le cas des mafias du continent. La Cosa Nostra, notamment, était impliquée dans plusieurs affaires concernant des hybrides. Si l’île, elle mouillait dans un peu tout ce qui touche à la traque et à la revente de ces bestioles. Leur antenne locale, bien que modeste, était d’une organisation sans faille. Des ritals, donc, quelques albanais, et même des corses, trafiquaient ensemble pour mettre la main sur les précieuses cargaisons. Plusieurs réseaux avaient pu être démantelés du côté de Naples, selon mes supérieurs. Mais j’étais moi-même sur cette île pour justement essayer de couper la source de tous ces problèmes. Parfaitement secondé par des éléments des services de renseignements militaires, je n’avais aucun doute quant à la réussite de notre mission. Seulement, cette dernière trainait. Elle durait dans le temps. Il faudrait y mettre fin, et le plus tôt serait le mieux. Ce soir. C’est ce que j’avais décidé.
Après avoir mis sur écoute plusieurs types impliqués et recoupé des vidéos accablantes, j’étais sûr de moi. Alors, lorsque le coup suivant laisserait poindre le bout de son nez, nous agirions. Ce soir. Dans cinq minutes. Tout était prêt. Et tout se déroula comme prévu. Des types. Quatre, exactement. Tout comme nous, d’ailleurs. Des gens à l’accent prononcé qui devaient être entraînés à travaillé ensemble. Ca ne changerait rien. Lorsqu’ils se mirent en mouvement, mon équipe et moi-même, nous firent de même. Il ne fallut pas bien longtemps pour arriver sur les lieux. Trop tard ? Non, pas tout à fait…
« Стоп и не движется, ублюдок¹ ! »
Avait crié Boris, le plus costaud d’en nous, avec sa cagoule noire et son équipement des forces spéciales version grisâtre. Plusieurs armes s’étaient alors levées, seulement deux coups de feu furent tirés, et la bataille s’arrêta avant même d’avoir commencé. Pour ma part, uniquement vêtu de ma veste sombre et d’un pantalon suffisamment ample pour ne pas entraver mes mouvements, je n’avais pas eu à tirer. Des cris fusèrent, des paroles furent échangées sans être toutes comprises. Je laissais les autres s’occuper de la bleusaille déconfite. Tout s’était passé en deux temps, trois mouvements, dans cette ruelle sombre. Le tonnerre grondait et devait couvrir un peu le bruit que nous faisions. La pluie tombait légèrement, elle aussi. Ca commençait. Avançant lentement pour m’assurer que tout était sous contrôle, c’est là que je la vis. Contre un mur. À moitié avachie, à ce qu’il semblait.
« Pанены здесь. Я проверяю, если в сознании. ² »
Furent les seules paroles que j’échangeais avec l’équipe qui neutralisait les assaillants de la petite. Le reste s’était effectué par gestes et signes.
« Tu vas bien ? »
Prononçais-je, de mon accent inratable. Mine de rien, elle avait eu une sacrée chance dans son malheur.
1 : Arrête-toi et ne bouge plus, connard !
2 : Une blessée ici. Je vérifie si elle est consciente.