Deux pour le prix d'un (Fini)

HISTOIRE -
Notre vie, elle a commencé comme tant d'autres, au laboratoire. Nous n'avons pas beaucoup de souvenirs de cet endroits, quelques brides de souvenir. C'était blanc comme endroits. Je me rappelle d'autres enfants, ils faisaient beaucoup de bruit. Il y avait des adultes aussi, ils nous donnaient des bonbons quand on était sage et ils nous enfermaient sans manger quand on faisait une bêtise. Une fois, tu m'as donné ta sucrerie pour me consoler, j'avais cassé quelque chose et on m'avait frappé. Au final, on l'a mangé ensembles. Il y avait beaucoup de bruit, mais il y avait que nous deux qui comptaient.
Ensuite, il y a ce que j'appelais maison et ce que tu appelais prison. Aucun de nous n'a le souvenir d'un magasin, on a dû être acheté directement au laboratoire. Notre maître était assez fortuné pour nous acheté tous les deux en tout cas et nous offrir un lieu de vie plus que convenable, c'est tout ce qui importe. Notre maître a bien ri quand il a vu notre tête devant son hôtel de luxe, le mot château nous est tout de suite venu à l'esprit, on lui a demandé s'il était un prince. Il a encore plus ri et depuis il nous appelait ses petits valets. On avait ... cinq ans? Six ans? Au début, je sais que tu as été heureux autant que moi, on courait dans tout les coins sous prétexte d'aider les domestiques au ménage. Et on a grandi, et le maître est devenu de plus en plus sévère avec nous. Oh, il était trop occupé pour nous punir directement, son bras droit s'en chargeait. Retour aux privations de nourriture et aux gifles, nous avons réagi chacun de notre manière. Toi en multipliant les escapades extérieures et moi en faisant en sorte de devenir irréprochable. Je te couvrais comme je pouvais, je soignais tes plaies, tu m'emmenais des fois, tu me ramenais des cadeaux de dehors.

Sans toi, je me serais barré bien avant l'incendie d'il y a trois ans. Mais tu n'étais pas assez fort pour vivre à la rue. Ça n'empêchait pas que j'en avais marre d'être en cage comme un clebs, et toi aussi tu me gonflais, à tout supporter sans broncher. L'accident est arrivé à temps, j'crois que je n'aurais pas tenu longtemps comme çà. Une cigarette mal éteinte sur un matelas et un problème d'alarme, l'hôtel a vite flambé. Je l'ai pas vu, de l'extérieur je veux dire, j'étais trop dans les vapes. Mais j'ai tout assisté de l'intérieur, quand on a appris qu'un feu se propageait à l'étage 3, j'y ai couru, il faisait parti des étages où tu bossais. Je t'ai vu, tu étais coincé, j'ai pris un extincteur et je me suis frayé un passage vers toi. Puis je me rappelle d'un bruit et de la chaleur. Et ce fut la douleur, elle m'aveuglait, j'ai senti que tu me tirais de là, j'étais venu pour te tirer de là et c'est toi qui le faisais, pathétique.
On nous amené à l'hôpital, tu m'as veillé les quatre jours. Ensuite, on s'est tiré, jamais plus je serais la chose de quelqu'un. Tu m'as suivi, j'ai vite compris que tu t'en voulais, que sans toi je serais indem. J'en ai profité de ta culpabilité, je me suis servi de toi sans vergogne. Tu plais aux mecs, j'ai vu comment ils te tournaient autour à l'hôtel, tu servais d'appât et je les volais, on se faisait pas mal de fric. Ou alors, je faisais des combats illégaux quand on attirait trop l'attention. Et comme toujours, tu t'occupais de mes bleus et de mes plaies. Je voyais que cela te détruisait, tu maigrissais et tu piquais des crises, tu pleurais quand je m'attendais à ce que tu fondes en larmes, tu riais quand je pensais que tu allais hurler de colère. Je m'en voulais, je faisais de mon mieux pour t'épargner mais je cherchais un moyen de nous faire quitter cette île pourrie et pour ça on avait besoin de cet argent. Je sais, c'est nul comme excuse mais jamais je ne laissais quelqu'un te faire mal, vraiment mal.