[FINI] "Greetings, worthless human!"

HISTOIRE -

I. Naissance.

« C'est un garçon ! Appelons le Hadès! » est la première chose sortie des lèvres de la mère d'Emil, s'adressant tout droit à son homme. Visiblement, elle y avait pensé depuis le début à nommer son fils ainsi. Bien que la réaction du père fut confuse, il dût se résigner. Cette femme adorait les prénoms peu communs, et elle avait fait une liste entière de tout ceux qui étaient originaux et peu utilisés. Voyant le visage de son enfant, elle s'était dit que son choix était fait, Hadès lui conviendrait.

Un nom qui sonnait mal pour les autres. Emil n'arrivait pas à comprendre ce qu'il clochait chez lui. Quand il avait demandé, la réponse était une surprise
« Maman! Je ne suis pas un Dieu des Enfers! C'est même pas joli en plus. » grogna-t-il en courant vers elle

Sa mère avait juste ri gentiment avant de lui caresser la tête. Simplement pour répondre que peu importe son prénom, il aurait des amis ,des gens qu'ils l'aiment, et que les petites insultes qu'il se prendrait ne serait rien de trop important. Emil y croyait.

II. Enfance.

On prenait les grands cartons, on les posait dans la nouvelle maison. Un déménagement, c'est cela, hein. On fouillait des fois, et on se prenait la poussière. Un bon coup de ménage devrait être fait, sinon une certaine dame allait crier. Douze ans se sont écoulés depuis qu'Emil est venu au monde. Il était nostalgique. Habitué à sa ville, ses amis, et son collège, voilà que l'on devait tout recommencer. En pleine période d'hiver, une année scolaire avait déjà débutée. Comment Emil allait s'intégrer ? Les individus l'entourant allaient-ils encore faire des remarques sur son prénom ? Stupide. A douze ans, on est bien intelligents pour ne plus dire de telles choses. Sa mère le chérissait tant, étant son unique fils. Tout allait bien, il fallait juste bien s'intégrer.

Et le voilà devant toute la classe, en train de se présenter. Mélangeant quelques mots, attirant la curiosité des autres élèves, décrochant le sourire de certains...La gêne. Tous semblaient être dans leur groupe fermé. Les filles n'étaient plus aussi naturelles et innocentes que celles de son ancienne ville, déjà. Il se rappelait du beau visage d'une fille qu'il aimait, aucune ne l'égalait en beauté. C'était dur à voir.
« Bien, Hadès. Tu peux aller t'asseoir là-bas, à côté de Jimmy. »

Il exécuta l'ordre et se mit à côté du gamin nommé Jimmy. D'abord, tenté par l'envie de lui parler, il ne put que se retenir en voyant le sourire désespéré de son camarade. Qu'est ce qu'il n'allait pas voyons ? Emil haussa les épaules avant de se mettre au cours.

Pause récréation. Tous les enfants crient et courent. Tout ce bruit met encore plus mal à l'aise le nouveau. Où aller ? Avec l'autre de tout à l'heure ? Il n'avait pas vraiment le choix. Il s'était avancé durement, les jambes tremblantes et les yeux rivés sur Jimmy et son groupe. Effectivement, il était en groupe, avec environ six autres personnes. Ils semblaient tellement excités que finalement, leur parler paraissait être une mauvaise idée. Mais il était bien trop tard pour faire demi-tour, la présence d'Emil avait été remarquée.
« Hadès !  »

Jimmy sourit et leva sa main. Qu'est ce que c'était ? Une sorte de salutation ? Le garçon aux cheveux noirs n'avait jamais vu cela, on se disait tout le temps bonjour naturellement, sans avoir recourt à cela. Son ancienne ville lui manquait vraiment. Le jeune enfant accomplit le geste maladroitement, ce qui fit rire les autres.
« Si tu veux te joindre à nous, il n'y a pas de problèmes ! »

Emil laissa dessiner sur son visage mignon un sourire rassuré. Ainsi, il avait trouvé un groupe. Il allait pouvoir être intégré. Il fut un bref instant heureux..

Pauvre enfant naïf.. Il ne savait pas ce qui lui attendait.

III. Adolescence.

Muet. Aveugle. Sourd. Emil était presque devenu ainsi. De nouveau, douze mois se sont écoulés plusieurs fois. Il n'était plus un gamin innocent. C'était à présent le pantin à tout le monde. Toujours dans la même ville, toujours les mêmes amis, les mêmes parents, toujours cette même vie. Ennui et solitude ne faisaient qu'un. Lassé d'être dans un groupe auquel les gens le laissait toujours, rigolant pour un rien, faisant des blagues douteuses. Il y a bien longtemps que ce "nouveau" n'était plus intéressé par eux, pourtant, il n'avait personne d'autre. Il était forcé de rester ici, quelque part qui ne le plaisait pas. Muet et sourd.

Si il n'avait pas des amis dans la vraie vie, il n'avait qu'à rester dans un monde perdu mais où il serait heureux. Internet, c'était la solution à tout ce problème. Jour et nuit, il était dessus, à se griller la vue. Néanmoins, il avait des gens avec qui parler, c'était cool cela. Ce qui était le mieux, c'était qu'il pouvait oublier son vieux prénom et prendre un qu'il avait toujours voulu porter, Emil. Bien sûr, il avouait le vrai au début et demandait à ce qu'on l'appelle ainsi. Puis avec le temps, il s'était mit à mentir sur son prénom, et même dans la vraie vie, il prétendait porter un prénom qui était faux. Cependant, tout ce temps passé devant l'écran lui avait fait une conséquence. Il était obligé de porter des lunettes. Encore une fois, son groupe avait ri de lui. Cela en devenait agaçant, malheureusement. Le voilà presque aveugle, dirait-on.

IV. Rideau.

Fin du collège, fin du lycée. Fin de tout ce qui était ennuyeux. Dîtes bonjour à un garçon différent de celui que vous connaissez. Emil Ackerman. Avec le triste divorce de ses parents, un nouveau déménagement avait eu lieu. Il allait habiter chez son père à présent. Bien que déçue et effondrée, sa mère dût se séparer de son chère enfant. Emil ne l'avait plus appréciée depuis longtemps, il n'arrivait plus à s'entendre avec elle de toute façon. Cela ne lui faisait ni chaud ni froid de savoir qu'elle devait pleurer souvent et que cela devait être encore pire une fois qu'elle apprendrait qu'il ne veut plus porter son prénom et ne le révèle pas, malgré ses papiers d'identité.

Ainsi, on continue les études tant bien que mal, avec comme amis quelques personnes seulement. On tente de moins utiliser l'ordinateur, de s'en décrocher, même si cela semble dur. On vit sa vie.

On apprend alors que des hybrides sont une nouvelle espèce. Des êtres mélangés, animaux et humains à la fois. Que ces choses sont vendues, utilisées, et inférieures. Pauvres créatures. La solitude, la vraie, ils doivent la subir. Emil soupire souvent quand il y pense. Peut-être qu'un jour, il libérera ces bêtes , ou qu'il les laissera seules. Il n'en sait rien. Il veut juste continuer de vivre sa vie.